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CR: Bordeaux 2007


Les biens faits de la mondialisation

Il y a trente ans, un millésime comme 2007 aurait donné des vins maigres, végétaux et insipides. On nous aurait dit qu'il aurait fallu boire ces vins jeunes, en attendant que les meilleurs millésimes se fassent et personne n'aurait vu de mal à ça.

Aujourd'hui, par contre, on déguste les 2007 et on est forcés de se dire que, finalement, les grands crus ne s'en sortent pas si mal. Il est vrai que la technologie permet aux meilleurs producteurs de faire des miracles même dans les récoltes les moins favorables. Mais est-ce seulement une question de technologie? Quand des Châteaux bordelais réduisent leurs rendements sous la barre de 30 hl. par hectare, il devient clair que ceux-ci ne dépendent pas uniquement de l'osmose renversée pour embouteiller un vin satisfaisant. Ces choix nous démontrent que les grands châteaux sont prêts à faire de vrais sacrifices afin d'obtenir un grand vin qui maintienne des standards de qualité de premier niveau.

Qu'est ce qui justifie ces sacrifices? La concurrence. Bordeaux n'est pas la Bourgogne. Dans le marché d'aujourd'hui, quand vous produisez de 200'000 à 500'000 bouteilles par année, vous ne pouvez vous permettre de produire un mauvais millésime. Il y a trop de bons vins de partout à travers la planète pour que le consommateur se satisfasse d'un mauvais bordeaux à fort prix. Les bordelais le savent et, en bons hommes d'affaires qu'ils sont et qu'ils ont toujours été, ils réagissent en conséquence.

La dégustation

Cette dégustation proposait un rapide tour d'horizon de quelques uns des meilleurs châteaux du bordelais, question d'évaluer la qualité du millésime 2007.

Dans le premier volet, deux classiques bordelais étaient servis en compagnie de deux vins pirates: le canadien Osoyoos-Larose et le libanais "Comte de M". Le volet a été remporté haut la main par le très séduisant Margaux de Malescot Saint Exupéry. 

Le deuxième volet nous a véritablement montré à quel point les grands châteaux bordelais peuvent obtenir le meilleur même des pires récoltes. La qualité des quatre vins était réellement très satisfaisante, surtout pour un millésime si difficile. Si le dégustateur plus averti peut facilement s'apercevoir que ces vins ne possèdent pas la profondeur des 2005, force est de constater que dans les circonstances, ces producteurs ont su embouteiller des vins complets,  assez complexes et totalement dépourvus de ces traces végétales qui ont toujours trahit les vendanges difficiles. Pour les amateurs de statistiques, la lutte a été serrée entre Léoville Barton et Pichon Baron, ce dernier l'emportant par un seul vote.


 
J'achète ou je n'achète pas

Un amateur à ses premières armes ne devrait pas hésiter à peupler sa cave avec des bouteilles de quelques uns des vins de cette dégustation (Malescot, Barton, Pichon Baron). La qualité est tout à fait satisfaisante et les prix beaucoup moins dissuasifs que lors de millésimes ayant reçu meilleure presse.

Toutefois, un amateur ayant la cave déjà pleine de vins de millésimes comme 2005, 2003, 2000, 1996, 1995, etc., pourrait facilement se montrer plus sélectif.
 

 

en rouge 
 

Premier Volet 

Verre #1 - Osoyoos-Larose  1 vote
Verre #2 - Malescot St. Exupéry    10 votes
Verre #3 - Haut Bailly       0 votes
Verre #4 - "Comte de M" - Kefraya   1 vote


Le Grand vin Okanagan Valley 2006, Osoyoos-Larose (SAQ 10293169 - 43,50$)
Rubis-grenat, très bonne saturation. Bon nez, offrant des arômes d'aneth, de poivron, de violette, d'épices. Bouche à la trame assez sèche, serrée, légère astringence, saveurs d'aneth, de tabac, d'herbes, de réglisse et de goudron, assez complexe et persistante. Très bien fait, il devrait évoluer positivement sur les cinq prochaines années.
(*** ½ - fév./11 - Fed)


Margaux 2007, Château Malescot St. Exupéry    (SAQ 10848620 - 75,00$)
Rubis, profond, très bonne saturation. Beau nez de moka, sur un fond de cassis très pur, aux nuances florales, un soupçon de poivron, de cuir et d'écurie. Bouche très élégante, assez ample, veloutée, tannins très fins et parfaitement polis, saveurs de cassis, de réglisse, belle acidité, finale légèrement chocolatée, de bonne persistance. Un margaux d'un grand raffinement, très réussi pour le millésime.
(**** - fév./11 - Fed)


Pessac Léognan 2007, Château Haut Bailly    (SAQ 11024534 - 84,25$)
Rubis-pourpre, très bonne saturation. Plutôt fermé, avec un caractère assez sombre de réglisse, de tabac et de fruit noir. Bouche assez structurée, tendue, compacte, d'acidité soutenue, trame serrée, assez ferme, presque dure, avec des saveurs de cassis acidulé. Très intransigeant, pour le moment, un vin qui n'a rien de féminin et qu'il faudra attendre. 
(*** ½ - fév./11 - Fed)


"Comte de M" vallée de Bekaa 2006, Château de Kefraya  (SAQ 722413 - 48,25$)
Rubis-pourpre, très bonne saturation. Très expressif, méditerranéen, avec de très belles notes de tabac noir, de menthe, de poivron rôti, de goudron, d'épices. Bouche ample, mûre, très savoureuse, avec un beau caractère de tabac de Havane, de réglisse, de cuir, d'épices, des tannins fermes, belle mâche, aboutissant en une longue finale chaleureuse. Un assemblage de cabernet sauvignon et de syrah, très viril et complexe, une très belle réussite.
(*** ½ @ **** - fév./11 - Fed)
 

 


Deuxième Volet

Verre #1 - Pontet Canet       1 vote
Verre #2 - Cos d'Estournel    0 votes
Verre #3 - Léoville Barton   5 votes
Verre #4 - Pichon Baron   6 votes


Pauillac 2007, Château Pontet Canet    ($105,00)
Rubis-grenat, très bonne saturation. Discret, avec des arômes de graphite, de prune, de cassis très pur. La bouche est assez dense, compacte, tannins très serrés mais sans dureté, avec des saveurs de cassis, de bonne acidité, une arrière-bouche plus puissante, amplifiée par un caractère plus capiteux, de crème de prune et de goudron, qui persiste. Pas un modèle de charme, mais c'est un pauillac très complet et réussi, surtout pour le millésime.
(**** - fév./11 - Fed)


St. Estèphe 2007, Château Cos d'Estournel    ($159,00)
Beaucoup plus de cabernet sauvignon que par le passé pour ce Cos 2007 (85%, contre 12% de merlot et 3% de cabernet franc). Rubis-pourpre, très bonne saturation. Joli nez, offrant un caractère de moka, avec des arômes de chêne neuf de plus en plus fumés, sur un fond de cassis assez discret. Attaque ample et veloutée, bouche plutôt élégante, de bonne acidité, tannins très serrée mais fins, léger manque de profondeur en milieu de palais, il semble fermé, belle finale minérale, persistante. Pas au niveau des meilleurs Cos du passé.
(*** ½ @ **** - fév./11 - Fed)
 

St. Julien 2007, Château Léoville Barton    ($89,00)
Rubis-pourpre, très bonne saturation. Très beau nez, très subtil et complexe, avec des arômes de crème de cassis, de fleurs sauvages, de cuir, ainsi que des discrètes nuances animales. Très belle bouche, très étoffée et d'un beau volume, tannins fermes, serrés, légère astringence, saveurs de cassis, très belle fraîcheur de fruit, minéralité persistante en finale, avec des relents de chocolat noir. Encore une autre très grande réussite pour Léoville Barton qui, depuis une bonne décennie, nous offre un des meilleurs vins du Médoc.
(**** @ **** ½ - fév./11 - Fed)


Pauillac 2007, Château Pichon Baron    ($119,00)
Rubis-pourpre, très bonne saturation. Très beau nez, complexe, racé, offrant des arômes de moka, de chêne grillé, aux subtiles nuances cuirées, mentholées. Bouche ample, de très belle matière, avec des saveurs de cassis mûr, d'une acidité stimulante, des belles notes boisées, grillées, de très bonne concentration, bonne finale de cassis, minérale, persistante.
(**** - fév./11 - Fed)